Post by jonwiththewind on Jan 25, 2006 19:49:09 GMT 2
I've just been sent this by email:
RANDOM or what? Anyone care to translate/give me the gist of this (and explain WTF I was sent it!!!)
Bonjour,
A quelques jours de la tenue du forum civil du partenariat
franco-marocain à Skhirat, l'Ambassadeur a fait le point sur la
coopération et l'action culturelle de la France au Maroc dans une
interview parue lundi matin dans le Matin du Sahara. Pour votre
information, en voici le texte.
Interview exclusive au Matin du Sahara
______________________________________
Philippe Faure : "le partenariat franco-marocain se doit d'être en permanence innovant, dynamique et fécond"
Propos recueillis par Hassan Alaoui
A quelques jours de la tenue du forum civil du partenariat franco-marocain à Skhirat, Philippe Faure, Ambassadeur de France au Maroc, fait le point sur la coopération et l'action culturelle de la France au Maroc
Question : Monsieur l'Ambassadeur, l'année commence sous les meilleurs auspices pour la relation franco-marocaine, avec le forum franco-marocain de la société civile. De quoi s'agit-il ?
Il est courant de dire que la relation franco-marocaine est exemplaire. Mais il n'est rien de pire que de se reposer sur ses lauriers et de cultiver ce type d'évidences. Le partenariat franco-marocain se doit au contraire d'être en permanence innovant, dynamique, fécond. Le forum civil est, avec le groupe d'impulsion économique, une des initiatives destinées à répondre à cette exigence.
Cette réunion a été annoncée lors de la rencontre des Premiers Ministres français et marocain au mois de septembre dernier à Rabat. Elle rassemblera à parité plus de 350 personnes, représentant les collectivités locales, les milieux économiques, le monde universitaire et les ONG des deux pays. Le thème de cette rencontre est la coopération décentralisée au service des populations et des territoires. Quatre ateliers thématiques ont été constitués.
Question : quelle peut être la valeur ajoutée d'une telle réunion, alors même que la coopération entre les deux gouvernements est déjà très étroite ?
La relation franco-marocaine ne se réduit pas aux relations entre les deux Etats. Il y a aussi les deux sociétés, et c'est une extraordinaire source d'enrichissement pour nous tous. Je suis frappé de découvrir chaque jour de nouvelles passerelles entre nos deux pays : échanges universitaires, jumelages de collectivités locales, activités d'ONG.
Le forum résulte d'une conviction simple mais forte : la relation franco-marocaine ferait un grand pas si elle pouvait mieux associer les sociétés civiles, qui deviennent de plus en plus multiples et autonomes. Regardez les processus de décentralisation que nos deux pays connaissent actuellement. Regardez aussi le formidable développement des ONG, ici comme en France.
N'oublions pas que les acteurs de la société civile sont appelés à jouer un rôle de plus en plus grand dans les politiques de développement et d'aménagement du territoire. Cette approche est d'ailleurs au cour de l'Initiative nationale pour le développement humain lancée par Sa Majesté Mohammed VI. Le forum civil se veut, à son niveau, une des réponses à cet enjeu majeur.
Ce que nous recherchons, ce n'est pas une relation à sens unique, mais au contraire une interaction entre les pouvoirs publics et la société civile. D'un côté, nous allons essayer de faire bénéficier le tissu social de la qualité de la relation bilatérale. De l'autre, nous allons nous employer à mieux intégrer les centres d'intérêt de la société civile à la coopération interétatique.
Question : vous venez d'évoquer l'INDH. Quelle sera la contribution de la France à ce chantier majeur ?
Les autorités françaises ont salué ce grand projet modernisateur et mobilisateur voulu par le Roi. Le Premier Ministre, M. de Villepin, a réaffirmé au mois de septembre dernier la détermination de la France à accompagner le Maroc, ce qui correspond, vous le savez, au désir du Président de la République. En étroite concertation avec le gouvernement marocain, nous allons agir dans deux directions :
- d'une part, nous allons veiller à ce que les moyens de coopération déjà existants, et qui sont considérables puisque la France est le premier bailleur de fonds du Maroc, soient bien concentrés sur les objectifs de l'INDH. C'est déjà très largement le cas, mais il nous faut "coller" encore plus étroitement à l'INDH, tant au niveau des secteurs d'intervention que de la méthode.
- d'autre part, nous allons étudier dans quelle mesure la France pourrait faire un geste financier exceptionnel pour l'INDH. Mais vous connaissez nos contraintes budgétaires actuelles.
Q : La Ministre de la Coopération, Madame Girardin, assiste au Forum. Elle va, à cette occasion, inaugurer le nouveau site de l'Institut culturel français de Rabat. Pouvez-vous nous en parler ?
Je vous confirme qu'elle inaugurera ce magnifique équipement, que nous sommes très fiers d'offrir aux populations de Rabat et de Salé.
Il est installé dans un splendide bâtiment qui appartient au patrimoine architectural de la ville, situé en plein cour de celle-ci, au chevet de la cathédrale.
Je ne souhaite pas déflorer par trop le sujet, souhaitant en laisser la primeur à Madame la Ministre de la Coopération, qui l'inaugurera le vendredi 27 janvier. Dès le 28, les lecteurs du Matin y seront les bienvenus et auront ainsi l'occasion de parcourir la très belle exposition consacrée à 100 ans de peinture marocaine, que nous proposons à l'occasion de l'inauguration grâce à l'amitié du Président de la Société Générale de Banques qui a bien voulu mettre à notre disposition les éléments les plus emblématiques de la collection qu'a su réunir cette grande institution bancaire.
Question : Monsieur l'Ambassadeur, vous venez d'évoquer l'aide apportée au développement humain du pays. Quelle place faites-vous à la culture ?
Naturellement, la culture est un secteur qui a sa spécificité et nous y consacrons un budget très important : 5,4 millions d'euros ! Mais il convient de l'insérer dans la relation globale que la France entretient avec le Maroc.
Tout d'abord, la culture est intimement liée à l'éducation. De ce point de vue, nos établissements d'enseignement ont une importance fondamentale dans notre rayonnement culturel. Ils reçoivent 19 000 élèves marocains, ce qui n'est pas rien !
Vous savez que nous avons un important réseau d'instituts et d'alliances qui lui donne une grande visibilité sur l'ensemble du territoire marocain : 9 instituts et 3 alliances. Leurs activités "traditionnelles", si vous me permettez l'expression, sont bien connues : cours de français (avec 33 000 apprenants), médiathèques (plus de 330 000 ouvrages mis à disposition de 35 000 adhérents, 535 000 visites par an !), diffusion de films (60 en 2004, pour 30 000 entrées), organisation de spectacles, d'expositions et de débats.
Tout cela pour le plus grand profit de la population marocaine, qui représente en moyenne 95 % des adhérents aux médiathèques, et en particulier de sa jeunesse. Pour avoir eu l'occasion de visiter la plupart de nos médiathèques, je peux vous dire combien j'ai été frappé par le grand nombre d'élèves et d'étudiants marocains les fréquentant très régulièrement. Ils en font des lieux vivants et dynamiques, résolument ouverts sur le Maroc d'aujourd'hui
Mais ce que l'on sait moins, c'est le soutien que nos instituts et alliances apportent aux artistes marocains et leur contribution importante à la diffusion du travail des penseurs marocains comme celui des acteurs de la société civile.
Les Rencontres de Tanger qui se déroulent au début de chaque année dans le cadre du Salon du Livre sont révélatrices de ce que nous pouvons faire dans ce domaine. La prochaine édition a lieu du 28 février au 5 mars. Elle sera consacrée au livre politique et sera marquée par la venue de très grands journalistes français et marocains dans le cadre d'un séminaire conjoint. Je vous invite à vous y rendre, d'autant qu'y seront évoquées les conditions historiques de l'indépendance de votre pays.
Q : Oui, mais c'est d'abord l'élite qui profite de cette présence, donc une minorité partageant une francophonie active
Oui et non.
Oui, par la force des choses, la programmation de nos établissements culturels, malgré sa pluralité, s'adresse davantage aux intellectuels et aux francophones curieux d'une ou plusieurs disciplines artistiques.
Mais il est faux de penser que nos instituts s'intéressent exclusivement à l'élite. Ainsi, les jeunes fréquentant nos médiathèques proviennent essentiellement des classes moyennes. D'autre part, nos instituts sont déjà engagés dans de nombreux projets sociaux. Je cite ici très simplement les actions décentralisées menées dans les quartiers populaires de Casablanca, qui vont de l'atelier de pratique artistique dans une maison de jeunes, une école ou encore un orphelinat, au travail de diffusion fait à Marrakech dans les petites villes qui entourent la métropole du Sud, ou encore aux actions décentralisées par notre Institut d'Agadir dans la région du Souss Massa Draâ.
Cela dit, je veille, depuis mon arrivée à Rabat, à ce que notre politique culturelle s'ouvre vers les publics les plus larges. Nous agissons ainsi dans deux directions :
- d'une part, nous développons notre réseau. Nous avons déjà ouvert des antennes dans des villes moyennes (Kénitra, Larache, Chefchaouen, Ksar El Kebir) et des alliances à Essaouira, El Jadida et cette année à Safi. Je souhaite que nous puissions poursuivre, notamment en rééquilibrant notre réseau au profit de villes de l'intérieur comme Beni Mellal, Errachidia ou encore Taza, où des alliances pourraient être créées .
- D'autre part, nous souhaitons aller davantage à la rencontre du public arabophone, en ouvrant plus largement nos débats d'idées. C'est pourquoi j'ai demandé que chacun de nos établissements culturels se dote d'un matériel de traduction simultanée, de façon à ce que tout ce qui touche à la pensée et à l'évolution du monde, notamment méditerranéen, soit accessible à un plus large public.
Q : En matière de spectacles, on a vu depuis quelques années de grands spectacles proposés à l'ensemble de la population par la France. Entendez-vous continuer ?
Vous faites allusion aux grands spectacles donnés dans l'espace public marocain, souvent en partenariat avec les autorités locales, qui ont été proposés en 2002, 2003 et 2004 : « Circus Baobab » ou encore le « Circo da Madrugada » donnés soit en centre ville, soit d'une façon très volontariste dans des quartiers populaires, comme à Casablanca ou Tanger.
Eh bien oui, nous continuons dans cette voie, et nous proposerons en mars de cette année un grand spectacle gratuit dans six villes (Casablanca, Rabat, Meknès, Oujda, Agadir, Marrakech.). Il s'agit d'un spectacle très visuel, qui est joué en haut d'une grue et fait appel à différentes formes d'expression artistique - de la danse, de la musique, du cirque -, où la lumière joue un très grand rôle. Cette ouvre, de très grande qualité, se nomme « Les maudits sonnants », et la troupe qui l'a réalisée est celle qui avait été retenue pour la manifestation de clôture des Jeux Olympiques d'Athènes en 2004 et pour l'anniversaire de l'Opéra de Sydney.
De plus, je souhaite que nous allions résolument à la rencontre d'autres publics, en privilégiant les jeunes. C'est ainsi que j'aimerais renforcer notre soutien à un festival comme celui des musiques gnaoua et du monde d'Essaouira, compte tenu de sa dimension populaire et festive, emblématique pour la jeunesse du Maroc. Je me suis personnellement rendu à Essaouira l'année dernière et j'ai trouvé formidable ce festival qui rassemble, l'espace d'un week-end, des centaines de milliers de jeunes enthousiastes et paisibles. Il y souffle vraiment un esprit, auquel vous-même me paraissez sensible puisque nous avons passé ce festival ensemble.
Nous sommes également attachés à notre partenariat avec le Festival des Musiques sacrées de Fès, qui s'adresse à un auditoire averti, mais également au public le plus large. L'édition 20006 sera ainsi marquée par la venue de l'ensemble baroque le plus prestigieux dont nous disposons aujourd'hui en France, les "Arts florissants", conduit par William Christie. Cet ensemble assurera le concert d'ouverture et sera intégralement pris en charge par la partie française. Nous avons souhaité faire ce geste d'amitié fort en cette année de commémoration du Cinquantenaire de l'Indépendance.
Mais je souhaite aussi que nos Instituts soient plus directement partenaires d'autres manifestations qui fédèrent des publics divers, en offrant des spectacles de qualité à même de renforcer les initiatives des organisateurs - ainsi du Festival Timitar à Agadir ou encore du nouveau Festival de Casablanca.
Q : Quelles relations entretenez-vous avec le ministère de la Culture ?
Des relations confiantes et, pour tout dire, excellentes.
Je voudrais vraiment souligner le partenariat très remarquable dans le champ de la lecture publique, qu'il s'agisse de l'accompagnement du grand projet que constitue la future Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc comme le compagnonnage très dynamique que nous avons avec la direction du Livre pour aider à la réussite du vaste plan de développement de la lecture publique que le Ministre de la Culture, Monsieur Achaâri, a lancé en relation avec nous. Je vous rappelle que celui-ci prévoit l'ouverture de dix importantes médiathèques, auxquelles vont venir s'adosser une soixantaine de « points lecture » situés dans les quartiers excentrés des grandes villes ou en milieu rural. Je me réjouis d'ailleurs de pouvoir inaugurer, dans les semaines qui viennent, avec le Ministre, les trois premières bibliothèques de cet important projet.
Au-delà de la lecture publique, un partenariat s'esquisse dans le champ du développement culturel pour la formation de professionnels et la création d'outils d'évaluation de l'action menée par le ministère.
Question : Une dernière question, Monsieur l'Ambassadeur. Le Ministère français des Finances vient d'annoncer la fermeture de la Mission économique de Casablanca. N'est-ce pas en contradiction avec votre objectif de renforcement des échanges économiques bilatéraux ?
Il ne s'agit pas de déserter la capitale économique du pays, comme je l'ai entendu ça et là, mais d'une simple réorganisation du réseau français au Maroc.
Nous avons la chance de disposer, avec la Chambre française de commerce et d'industrie au Maroc (CFCIM), de la plus ancienne et sans doute de la plus puissante des chambres de commerce françaises à l'étranger. Pourquoi, dans ces conditions, avoir dans la même ville une mission économique offrant des prestations comparables ?
L'idée qui est à la base de cette décision, est donc bien d'éviter les doublons inutiles à Casablanca et de renforcer la logique de complémentarité entre la CFCIM et la mission économique de Rabat. C'est aussi une preuve très concrète de notre grande confiance dans la CFCIM, qui accomplit un travail formidable.
Pour revenir à votre question, il n'y a évidemment aucun lien entre cette décision et les échanges commerciaux. Les chiffres sont d'ailleurs éloquents : la France a conforté, en 2005, sa place de premier partenaire commercial et de premier investisseur au Maroc. Elle est la seule à avoir progressé parmi les principaux partenaires du Maroc : notre part de marché au Maroc a ainsi augmenté de 5 %.
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Si vous ne désirez plus recevoir ces messages, envoyez un courrier électronique vide à l'adresse:
mailto:consulat.marrakech-unsubscribe@diffusion.diplomatie.gouv.fr
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franco-marocain à Skhirat, l'Ambassadeur a fait le point sur la
coopération et l'action culturelle de la France au Maroc dans une
interview parue lundi matin dans le Matin du Sahara. Pour votre
information, en voici le texte.
Interview exclusive au Matin du Sahara
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Philippe Faure : "le partenariat franco-marocain se doit d'être en permanence innovant, dynamique et fécond"
Propos recueillis par Hassan Alaoui
A quelques jours de la tenue du forum civil du partenariat franco-marocain à Skhirat, Philippe Faure, Ambassadeur de France au Maroc, fait le point sur la coopération et l'action culturelle de la France au Maroc
Question : Monsieur l'Ambassadeur, l'année commence sous les meilleurs auspices pour la relation franco-marocaine, avec le forum franco-marocain de la société civile. De quoi s'agit-il ?
Il est courant de dire que la relation franco-marocaine est exemplaire. Mais il n'est rien de pire que de se reposer sur ses lauriers et de cultiver ce type d'évidences. Le partenariat franco-marocain se doit au contraire d'être en permanence innovant, dynamique, fécond. Le forum civil est, avec le groupe d'impulsion économique, une des initiatives destinées à répondre à cette exigence.
Cette réunion a été annoncée lors de la rencontre des Premiers Ministres français et marocain au mois de septembre dernier à Rabat. Elle rassemblera à parité plus de 350 personnes, représentant les collectivités locales, les milieux économiques, le monde universitaire et les ONG des deux pays. Le thème de cette rencontre est la coopération décentralisée au service des populations et des territoires. Quatre ateliers thématiques ont été constitués.
Question : quelle peut être la valeur ajoutée d'une telle réunion, alors même que la coopération entre les deux gouvernements est déjà très étroite ?
La relation franco-marocaine ne se réduit pas aux relations entre les deux Etats. Il y a aussi les deux sociétés, et c'est une extraordinaire source d'enrichissement pour nous tous. Je suis frappé de découvrir chaque jour de nouvelles passerelles entre nos deux pays : échanges universitaires, jumelages de collectivités locales, activités d'ONG.
Le forum résulte d'une conviction simple mais forte : la relation franco-marocaine ferait un grand pas si elle pouvait mieux associer les sociétés civiles, qui deviennent de plus en plus multiples et autonomes. Regardez les processus de décentralisation que nos deux pays connaissent actuellement. Regardez aussi le formidable développement des ONG, ici comme en France.
N'oublions pas que les acteurs de la société civile sont appelés à jouer un rôle de plus en plus grand dans les politiques de développement et d'aménagement du territoire. Cette approche est d'ailleurs au cour de l'Initiative nationale pour le développement humain lancée par Sa Majesté Mohammed VI. Le forum civil se veut, à son niveau, une des réponses à cet enjeu majeur.
Ce que nous recherchons, ce n'est pas une relation à sens unique, mais au contraire une interaction entre les pouvoirs publics et la société civile. D'un côté, nous allons essayer de faire bénéficier le tissu social de la qualité de la relation bilatérale. De l'autre, nous allons nous employer à mieux intégrer les centres d'intérêt de la société civile à la coopération interétatique.
Question : vous venez d'évoquer l'INDH. Quelle sera la contribution de la France à ce chantier majeur ?
Les autorités françaises ont salué ce grand projet modernisateur et mobilisateur voulu par le Roi. Le Premier Ministre, M. de Villepin, a réaffirmé au mois de septembre dernier la détermination de la France à accompagner le Maroc, ce qui correspond, vous le savez, au désir du Président de la République. En étroite concertation avec le gouvernement marocain, nous allons agir dans deux directions :
- d'une part, nous allons veiller à ce que les moyens de coopération déjà existants, et qui sont considérables puisque la France est le premier bailleur de fonds du Maroc, soient bien concentrés sur les objectifs de l'INDH. C'est déjà très largement le cas, mais il nous faut "coller" encore plus étroitement à l'INDH, tant au niveau des secteurs d'intervention que de la méthode.
- d'autre part, nous allons étudier dans quelle mesure la France pourrait faire un geste financier exceptionnel pour l'INDH. Mais vous connaissez nos contraintes budgétaires actuelles.
Q : La Ministre de la Coopération, Madame Girardin, assiste au Forum. Elle va, à cette occasion, inaugurer le nouveau site de l'Institut culturel français de Rabat. Pouvez-vous nous en parler ?
Je vous confirme qu'elle inaugurera ce magnifique équipement, que nous sommes très fiers d'offrir aux populations de Rabat et de Salé.
Il est installé dans un splendide bâtiment qui appartient au patrimoine architectural de la ville, situé en plein cour de celle-ci, au chevet de la cathédrale.
Je ne souhaite pas déflorer par trop le sujet, souhaitant en laisser la primeur à Madame la Ministre de la Coopération, qui l'inaugurera le vendredi 27 janvier. Dès le 28, les lecteurs du Matin y seront les bienvenus et auront ainsi l'occasion de parcourir la très belle exposition consacrée à 100 ans de peinture marocaine, que nous proposons à l'occasion de l'inauguration grâce à l'amitié du Président de la Société Générale de Banques qui a bien voulu mettre à notre disposition les éléments les plus emblématiques de la collection qu'a su réunir cette grande institution bancaire.
Question : Monsieur l'Ambassadeur, vous venez d'évoquer l'aide apportée au développement humain du pays. Quelle place faites-vous à la culture ?
Naturellement, la culture est un secteur qui a sa spécificité et nous y consacrons un budget très important : 5,4 millions d'euros ! Mais il convient de l'insérer dans la relation globale que la France entretient avec le Maroc.
Tout d'abord, la culture est intimement liée à l'éducation. De ce point de vue, nos établissements d'enseignement ont une importance fondamentale dans notre rayonnement culturel. Ils reçoivent 19 000 élèves marocains, ce qui n'est pas rien !
Vous savez que nous avons un important réseau d'instituts et d'alliances qui lui donne une grande visibilité sur l'ensemble du territoire marocain : 9 instituts et 3 alliances. Leurs activités "traditionnelles", si vous me permettez l'expression, sont bien connues : cours de français (avec 33 000 apprenants), médiathèques (plus de 330 000 ouvrages mis à disposition de 35 000 adhérents, 535 000 visites par an !), diffusion de films (60 en 2004, pour 30 000 entrées), organisation de spectacles, d'expositions et de débats.
Tout cela pour le plus grand profit de la population marocaine, qui représente en moyenne 95 % des adhérents aux médiathèques, et en particulier de sa jeunesse. Pour avoir eu l'occasion de visiter la plupart de nos médiathèques, je peux vous dire combien j'ai été frappé par le grand nombre d'élèves et d'étudiants marocains les fréquentant très régulièrement. Ils en font des lieux vivants et dynamiques, résolument ouverts sur le Maroc d'aujourd'hui
Mais ce que l'on sait moins, c'est le soutien que nos instituts et alliances apportent aux artistes marocains et leur contribution importante à la diffusion du travail des penseurs marocains comme celui des acteurs de la société civile.
Les Rencontres de Tanger qui se déroulent au début de chaque année dans le cadre du Salon du Livre sont révélatrices de ce que nous pouvons faire dans ce domaine. La prochaine édition a lieu du 28 février au 5 mars. Elle sera consacrée au livre politique et sera marquée par la venue de très grands journalistes français et marocains dans le cadre d'un séminaire conjoint. Je vous invite à vous y rendre, d'autant qu'y seront évoquées les conditions historiques de l'indépendance de votre pays.
Q : Oui, mais c'est d'abord l'élite qui profite de cette présence, donc une minorité partageant une francophonie active
Oui et non.
Oui, par la force des choses, la programmation de nos établissements culturels, malgré sa pluralité, s'adresse davantage aux intellectuels et aux francophones curieux d'une ou plusieurs disciplines artistiques.
Mais il est faux de penser que nos instituts s'intéressent exclusivement à l'élite. Ainsi, les jeunes fréquentant nos médiathèques proviennent essentiellement des classes moyennes. D'autre part, nos instituts sont déjà engagés dans de nombreux projets sociaux. Je cite ici très simplement les actions décentralisées menées dans les quartiers populaires de Casablanca, qui vont de l'atelier de pratique artistique dans une maison de jeunes, une école ou encore un orphelinat, au travail de diffusion fait à Marrakech dans les petites villes qui entourent la métropole du Sud, ou encore aux actions décentralisées par notre Institut d'Agadir dans la région du Souss Massa Draâ.
Cela dit, je veille, depuis mon arrivée à Rabat, à ce que notre politique culturelle s'ouvre vers les publics les plus larges. Nous agissons ainsi dans deux directions :
- d'une part, nous développons notre réseau. Nous avons déjà ouvert des antennes dans des villes moyennes (Kénitra, Larache, Chefchaouen, Ksar El Kebir) et des alliances à Essaouira, El Jadida et cette année à Safi. Je souhaite que nous puissions poursuivre, notamment en rééquilibrant notre réseau au profit de villes de l'intérieur comme Beni Mellal, Errachidia ou encore Taza, où des alliances pourraient être créées .
- D'autre part, nous souhaitons aller davantage à la rencontre du public arabophone, en ouvrant plus largement nos débats d'idées. C'est pourquoi j'ai demandé que chacun de nos établissements culturels se dote d'un matériel de traduction simultanée, de façon à ce que tout ce qui touche à la pensée et à l'évolution du monde, notamment méditerranéen, soit accessible à un plus large public.
Q : En matière de spectacles, on a vu depuis quelques années de grands spectacles proposés à l'ensemble de la population par la France. Entendez-vous continuer ?
Vous faites allusion aux grands spectacles donnés dans l'espace public marocain, souvent en partenariat avec les autorités locales, qui ont été proposés en 2002, 2003 et 2004 : « Circus Baobab » ou encore le « Circo da Madrugada » donnés soit en centre ville, soit d'une façon très volontariste dans des quartiers populaires, comme à Casablanca ou Tanger.
Eh bien oui, nous continuons dans cette voie, et nous proposerons en mars de cette année un grand spectacle gratuit dans six villes (Casablanca, Rabat, Meknès, Oujda, Agadir, Marrakech.). Il s'agit d'un spectacle très visuel, qui est joué en haut d'une grue et fait appel à différentes formes d'expression artistique - de la danse, de la musique, du cirque -, où la lumière joue un très grand rôle. Cette ouvre, de très grande qualité, se nomme « Les maudits sonnants », et la troupe qui l'a réalisée est celle qui avait été retenue pour la manifestation de clôture des Jeux Olympiques d'Athènes en 2004 et pour l'anniversaire de l'Opéra de Sydney.
De plus, je souhaite que nous allions résolument à la rencontre d'autres publics, en privilégiant les jeunes. C'est ainsi que j'aimerais renforcer notre soutien à un festival comme celui des musiques gnaoua et du monde d'Essaouira, compte tenu de sa dimension populaire et festive, emblématique pour la jeunesse du Maroc. Je me suis personnellement rendu à Essaouira l'année dernière et j'ai trouvé formidable ce festival qui rassemble, l'espace d'un week-end, des centaines de milliers de jeunes enthousiastes et paisibles. Il y souffle vraiment un esprit, auquel vous-même me paraissez sensible puisque nous avons passé ce festival ensemble.
Nous sommes également attachés à notre partenariat avec le Festival des Musiques sacrées de Fès, qui s'adresse à un auditoire averti, mais également au public le plus large. L'édition 20006 sera ainsi marquée par la venue de l'ensemble baroque le plus prestigieux dont nous disposons aujourd'hui en France, les "Arts florissants", conduit par William Christie. Cet ensemble assurera le concert d'ouverture et sera intégralement pris en charge par la partie française. Nous avons souhaité faire ce geste d'amitié fort en cette année de commémoration du Cinquantenaire de l'Indépendance.
Mais je souhaite aussi que nos Instituts soient plus directement partenaires d'autres manifestations qui fédèrent des publics divers, en offrant des spectacles de qualité à même de renforcer les initiatives des organisateurs - ainsi du Festival Timitar à Agadir ou encore du nouveau Festival de Casablanca.
Q : Quelles relations entretenez-vous avec le ministère de la Culture ?
Des relations confiantes et, pour tout dire, excellentes.
Je voudrais vraiment souligner le partenariat très remarquable dans le champ de la lecture publique, qu'il s'agisse de l'accompagnement du grand projet que constitue la future Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc comme le compagnonnage très dynamique que nous avons avec la direction du Livre pour aider à la réussite du vaste plan de développement de la lecture publique que le Ministre de la Culture, Monsieur Achaâri, a lancé en relation avec nous. Je vous rappelle que celui-ci prévoit l'ouverture de dix importantes médiathèques, auxquelles vont venir s'adosser une soixantaine de « points lecture » situés dans les quartiers excentrés des grandes villes ou en milieu rural. Je me réjouis d'ailleurs de pouvoir inaugurer, dans les semaines qui viennent, avec le Ministre, les trois premières bibliothèques de cet important projet.
Au-delà de la lecture publique, un partenariat s'esquisse dans le champ du développement culturel pour la formation de professionnels et la création d'outils d'évaluation de l'action menée par le ministère.
Question : Une dernière question, Monsieur l'Ambassadeur. Le Ministère français des Finances vient d'annoncer la fermeture de la Mission économique de Casablanca. N'est-ce pas en contradiction avec votre objectif de renforcement des échanges économiques bilatéraux ?
Il ne s'agit pas de déserter la capitale économique du pays, comme je l'ai entendu ça et là, mais d'une simple réorganisation du réseau français au Maroc.
Nous avons la chance de disposer, avec la Chambre française de commerce et d'industrie au Maroc (CFCIM), de la plus ancienne et sans doute de la plus puissante des chambres de commerce françaises à l'étranger. Pourquoi, dans ces conditions, avoir dans la même ville une mission économique offrant des prestations comparables ?
L'idée qui est à la base de cette décision, est donc bien d'éviter les doublons inutiles à Casablanca et de renforcer la logique de complémentarité entre la CFCIM et la mission économique de Rabat. C'est aussi une preuve très concrète de notre grande confiance dans la CFCIM, qui accomplit un travail formidable.
Pour revenir à votre question, il n'y a évidemment aucun lien entre cette décision et les échanges commerciaux. Les chiffres sont d'ailleurs éloquents : la France a conforté, en 2005, sa place de premier partenaire commercial et de premier investisseur au Maroc. Elle est la seule à avoir progressé parmi les principaux partenaires du Maroc : notre part de marché au Maroc a ainsi augmenté de 5 %.
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